L’aventurine à travers les époques
Bien que Madame de Maintenon ne parle de cette pierre qu’au 17e siècle, de nombreuses recherches montrent que la pierre existe depuis plusieurs années. D’après les naturalistes contemporains, elle aurait été présente en Égypte antique. À l’époque, elle était enfouie sous divers minéraux. Une preuve de son existence en l’an -400 est également exposée au British Museum à Londres. Il s’agit d’une statue de 30 cm fabriquée à l’effigie d’un personnage de l’époque des Olmèques. Elle est conçue avec de la pierre aventurine vert pur. Une autre étude justifie que ce matériau date de plusieurs années. Des chercheurs ont découvert que les Chinois accordaient une importance particulière à l’Yù, nom chinois de la pierre. Cette histoire remonte à 4000 ans passés. La pierre verte était appréciée vu la puissance qu’elle dégage. Elle était comme une source de bien-être et de vitalité. Les Incas ont également profité des vertus de ce minéral. Elle était leur porte-bonheur. D’après leur croyance, elle leur permettait de s’enrichir. Chez les Tibétains, elle avait une autre fonction. Elle entrait dans la fabrication des yeux des statues. La pierre tenait également une place importante dans la vie du peuple celte. Pour ce dernier, elle était la pierre de la connaissance et de la spiritualité.
La technologie se développant et permettant à l’homme d’innover son art, le quartz devient une matière première pour les sculpteurs russes des temps modernes. Ils ont fabriqué une vasque d’une hauteur de 1,46 m et d’une largeur de 2,46 m avec de l’aventurine ocre. Cette œuvre se trouve actuellement à Saint-Pétersbourg au musée de l’Ermitage. Le dôme des invalides abrite également une œuvre conçue à base d’aventurine rouge : le tombeau dans lequel repose Napoléon. Selon Diderot, cette pierre se trouve au même rang que le lapis-lazuli et l’agate. Il indique dans son Encyclopédie qu’il s’agit d’une pierre précieuse.
Une pierre aux quatre couleurs
L’aventurine est un silicate (groupe) ou, plus précisément, un tectosilicate (sous-groupe). Elle se reconnaît grâce à son inclusion (mica). Elle ressemble à des agrégats de sable colorés, car il contient du potassium et de l’aluminium. Ainsi, la pierre aventurine verte tient sa teinte de la fuchsite. Le jaune de l’aventurine vient de la pyrite, tandis que le rouge est dû à la coloration de l’hématite, du cuivre et de la goethite. La pierre est teinte en bleue lorsqu’elle contient de l’ilménite et de la dumortiérite.
Dans le monde antique
En Égypte, de nombreux individus qui travaillaient dans les mines pour extraire des pierres ont découvert son existence. Ainsi, une sorte de pierre verte et contenant du mica fit son apparition en Haute-Égypte. D’après les spécialistes, il peut s’agir de la pierre d’aventurine verte, car cette caractéristique micacée est propre à ce type de gemme. Des chercheurs modernes experts en naturalisme l’ont également étudié. Cependant, leurs études n’ont pas permis de justifier cette hypothèse. Pline, écrivain de l’antiquité, et ses contemporains ont écrit des textes selon lesquels le coralloagate (coralleachate, gemme rouge corail avec des paillettes dorées sous l’éclat du soleil) dissimulerait de l’aventurine. Il en est de même pour quelques autres minéraux, tels que :
- L’astérie : pierre ornée d’étoiles taillée à l’instar de l’opale, d’origine arabe et égyptienne.
- La sandarésus : appelée également sandastros. Pierre qui se rencontre dans la partie Est de l’Arabie et en Inde. Elle se caractérise par la présence d’une sorte de matière translucide incrustée d’étoiles dorées, derrière laquelle se cache une sorte de flamme ardente.
La statue du British Museum sis à Londres date également de l’époque antique. Elle témoigne de l’existence de cette pierre depuis des centaines d’années.
Au Moyen-Age
Jean de Mandeville parle également de l’aventurine verte (celle du moyen âge) dans ses écrits. Cet expert en naturalisme et explorateur la décrit ainsi : « Pierre verte goutée comme de gouttes d’or : cette pierre donne “moult” biens à celui qui la porte. Elle est bonne à gens qui sont peureux, car elle donne hardiesse, bon sens et bonnes contenances, grâce et honneur… ». Il indique également qu’elle est une pierre sacrée qui ne peut pas être associée au luxe. Il s’agit d’une caractéristique qui lui est propre.
Dans les temps modernes
L’aventurine traverse les époques en laissant chaque fois une histoire. Si elle a déjà été au centre des discussions durant l’antiquité et le moyen âge, elle fait également parler d’elle durant les temps modernes. Les pierres pailletées portaient le nom d’aventurines au 17e siècle. À cette époque, les particularités qui distinguent le matériau naturel de l’artificiel (la pierre qui a été obtenue à la suite de l’incident de Venise) n’avaient pas encore été découvertes. Une autre variété d’aventurine a également connu le succès aux temps modernes : la laque d’origine végétale aventurine (pierre d’origine japonaise et chinoise). Elle vient de la transformation du latex de l’arbre à laque (un arbre résineux qui pousse en Asie). Elle est noire et elle est parsemée de poudre de bronze, d’or, ou de mica par soufflage. Il s’agit d’un art très apprécié par les Français. Ainsi, la Compagnie des Indes importait des bijoux, des paravents, et d’autres objets faits de laque aventurinée en France.
Les artisans français ont essayé de suivre les pas des Asiatiques en prenant exemple sur eux pour fabriquer ce produit. Malheureusement, ils n’avaient pas les matières premières adaptées et manquaient de compétences. Cependant, ils ont réussi à produire le vernis Martin en utilisant des aventurines, un produit qui a fait le succès des ébénistes au temps de Louis XV. Les chercheurs du 18e siècle ont également effectué des recherches sur l’aventurine et son histoire. Ils la qualifient de pierre précieuse à l’aspect jaune-brunâtre ou jaunâtre, qui se caractérise par ses paillettes dorées. La description de Diderot renforce leur étude. L’auteur considère et décrit l’aventurine comme précieuse à l’instar de l’agate et du lapis.