On peut exploiter le recul des atomes de mendélévium 256 pour les éloigner de la cible d’einsteinium. Ensuite, ils sont déposés sur une feuille métallique mince, telle que le béryllium, l’aluminium, le platine ou l’or, qui est positionnée directement derrière la cible. Avec cette méthode, une séparation chimique à partir de la cible, n’est plus nécessaire et on peut réutiliser la cible d’einsteinium.
Pour séparer le mendélévium des produits de fission, il est possible de dissoudre la feuille avec de l’acide et de la précipiter ensuite avec du fluorure de lanthane. Puis, on utilise une colonne de résine échangeuse de cations avec une solution aqueuse contenant à 10% d’éthanol saturée en acide chlorhydrique. Toutefois, si la feuille en or est assez fine, il est plus pratique de dissoudre l’or dans de l’eau régale. Par la suite, on procède à la séparation des actinides trivalents de l’or par la chromatographie à échange d’anions, avec l’acide chlorhydrique comme éluant.
Une autre option consiste à ralentir directement les atomes de mendélévium formés dans un gaz (généralement de l’hélium). Ce gaz est évacué hors de la chambre de réaction et permet le l’acheminement des atomes à travers un tube capillaire pour être analysés. Pour les longues distances, on ajoute du chlorure de potassium au gaz de transport.
Propriétés du mendélévium
À l’état ordinaire, le mendélévium est un corps simple solide. Son système cristallin se présente sous une structure cubique à faces centrées. Son point de fusion, identique à celui du nobélium, est estimé à 827 °C et sa masse volumique évaluée à environ 10.3 ± 0.7 g·cm−316. Cet élément chimique a une masse atomique de 258 u et une électronégativité de 1,3 sur l’échelle de Pauling. L’énergie de première ionisation de l’atome du Md est de 6,58 eV et son N° CAS est 7440-11-1.
Le mendélévium en solution constitue les principales données sur la chimie de cet élément. Il peut adopter les états d’oxydation +3 ou +2. Bien que le degré d’oxydation +1 ait été signalé, il n’a pas été confirmé.
Avant la découverte du mendélévium, Katz et Seaborg ont émis l’hypothèse de sa prédominance sous forme trivalente en solution aqueuse. Ils ont supposé que l’élément 101 aurait des propriétés semblables à celles des lanthanides et des actinides trivalents. Après la découverte par synthèse du Md, ces suppositions se sont avérées exactes. Tout d’abord, par son élution juste après le fermium dans le processus d’extraction des actinides trivalents, puis en 1967 quand le fluorure de mendélévium et l’hydroxyde ont été coprécipités avec des sels de lanthanides trivalents.
Le mendélévium III peut être réduit en mendélévium II qui est une forme stable en solution aqueuse stable. En 1967, le potentiel standard de réduction du couple E°(Md3+→Md2+) a été évalué à −0,10 V ou −0,20 V. En 2013, cette valeur a été établie à −0,16 ± 0,05 V. À titre comparatif, E°(Md3+→Md0) est estimé à environ −1,74 V et E°(Md2+→Md0) à environ −2,5 V.
En 1973, des chercheurs russes ont annoncé la synthèse du mendélévium I, réalisée par réduction des états d’oxydation supérieurs de l’élément à l’aide de samarium II. Cette forme était reconnue stable en solution neutre dans un mélange d’eau et d’éthanol. Le Me I présentait une similitude avec le césium I, pourtant, les expériences ultérieures n’ont pas permis de confirmer son existence. Elles ont démontré que le mendélévium désoxydé ne se comporte pas comme les métaux alcalins monovalents, mais plutôt comme des éléments divalents. Toutefois, l’équipe russe a mené des études approfondies sur la co-cristallisation du mendélévium, avec des chlorures de métaux alcalins. Elle en a conclu que du mendélévium I se forme et qu’il est capable d’engendrer des cristaux mixtes avec des éléments divalents.
La prédiction en 1975 disait que E°(Md4+→Md3+) était d’environ +5,4 V, ce qui impliquait que le mendélévium III pourrait être facilement oxydé en mendélévium IV. Néanmoins, des expériences menées en 1967 avec le bismuthate de sodium, en tant qu’agent oxydant, n’ont pas réussi à réaliser cette oxydation.
Isotopes
Cinq isomères nucléaires et seize radioisotopes du mendélévium, de 245Md à 260Md, ont été identifiés..
Les isotopes 257Md, 258Md, 259Md et 260Md sont les plus stables. Ils sont tous synthétiques et leur période est respectivement de 5,52 heures, 51,5 jours, 1,60 heure et 27,8 jours.
Le 257Md se désagrège par capture électronique et subit une fission spontanée. Il génère du 257Fm, du 253Es et d’autres produits.
Les modes de désintégration du 258Md sont α, β, et β+ et il produit respectivement le 254Es, le 258No et le 258Fm.
Le 259Md subit une désintégration α ainsi qu’une fission spontanée et engendre du 255Es et d’autres corps chimiques.
Lors de sa désintégration α , le 260Md émet des particules. La désintégration β- se fait par capture électronique et il subit une fission spontanée. Ses produits de désintégrations sont le 256Es, le 260Fm, le 260No, ainsi que des produits de fission.