Le châtaignier : son étymologie, son histoire, son identification, son origine, sa composition, ses utilisations en phytothérapie et sa culture.
Le châtaignier est un arbre appartenant à la famille des fagacées. Lorsqu’il est planté en nombre sur une zone délimitée, il forme ce qu’on appelle une châtaigneraie. Son fruit, la châtaigne, était pendant longtemps la base de l’alimentation humaine dans certaines régions d’Europe qui étaient dépourvues d’agriculture céréalière. Cette plante trouve son origine dans les régions les plus pluvieuses du nord de la Méditerranée. Elle possède plusieurs vertus médicinales, mais occupe aussi une place importante dans d’autres domaines. Toutes ces raisons ont mené des musées et une association à se consacrer à la préservation ainsi qu’à la valorisation de cet arbre.
Châtaignier : étymologie
Le mot « châtaignier » vient du latin castanea qui est, lui-même, dérivé du grec kastanon (Castane). Ce dernier fait référence à la ville de Kastanon, en Thessalie (Grèce), renommée dans l’Antiquité pour la beauté de ses arbres. Elle était aussi connue pour la qualité des châtaignes qui y étaient récoltées.
Le nom scientifique du châtaignier est Castanea sativa. Le mot latin sativa provient d’un adjectif latin qui signifie « planté » ou « cultivé ».
Croyances traditionnelles et légendes
Selon Saint Albert le Grand, la châtaigne cuite (mélangée avec du sel) permet de lutter contre la rage et les morsures de serpent. L’infusion de feuilles de châtaignier serait parfaite pour soigner la toux, la diarrhée, les bronchites, la coqueluche, les rhumatismes et les douleurs dorsales. Selon John Brickell, l’écorce et les feuilles de châtaignier bouillies dans du vin soignent les hémorragies.
D’après les légendes, le châtaignier était considéré comme le gardien de la porte de l’hiver. Ses fruits avaient toujours nourri animaux et humains pendant les périodes où la nature était morte. De nos jours, les châtaignes accompagnent les pommes et servent de farce aux oies et aux dindes à Noël et au Nouvel An.
Identification botanique d’un châtaignier
Ci-dessous les caractéristiques du châtaignier.
Sa tige et son écorce
Imposante, cette plante peut atteindre une hauteur de 25 à 35 m en plaine. En forêt de montagne, elle reste modeste et parfois malingre. Son tronc peut avoir jusqu’à 10 m de circonférence et 4 m de diamètre. Sa durée de vie dépasse le millénaire. Le châtaignier de Neuvecelle situé au bord du lac de Genève existe depuis 1 200 ans et a un tronc de 13 m de tour. Celui de Brûlis, à Neuillé (Maine-et-Loire), a 1 000 ans avec 12,30 m de circonférence. Celui de Sancerre (dans le département du Cher) est âgé de plus de 1 000 ans et mesure 10 m de tour. Celui des cent chevaux situé dans la commune de Sant’Alfio, en Sicile, a entre 2 000 et 4 000 ans.
Sa racine
Cet arbre est caractérisé par un enracinement puissant, profond et pivotant. L’écorce des jeunes arbres est lisse, de couleur brun verdâtre. Elle devient craquelée et de couleur gris brun foncé avec l’âge. Le rhytidome se fissure longitudinalement et tend à se vriller selon une spirale de plus en plus aplatie. Le tronc a tendance à devenir creux. Les rameaux d’un châtaignier sont brun verdâtre, robustes, généralement anguleux et dotés de grandes lenticelles allongées.
Ses feuilles
Les grandes feuilles caduques du châtaignier pendent. Elles sont de forme oblongue lancéolée aiguë et ont des bords en dents de scie ainsi qu’un court pétiole. En disposition spirale, elles peuvent avoir 4 à 8 cm de large et atteindre jusqu’à 25 cm de long.
Ses fleurs
Ci-dessous les caractéristiques des fleurs de châtaignier : description, dimensions, couleur, parfum, floraison et organes floraux.
Généralités
Cet arbre est monoïque, c’est-à-dire qu’il est à la fois femelle et mâle. Les fleurs mâles sont réunies en chatons de couleur claire (blanc jaunâtre) à la base des groupes de fleurs femelles. Elles dégagent une forte odeur de sperme ou de miel. Réunies par trois, les fleurs femelles sont jaune verdâtre, non duveteuses et disposées au sommet. Cet arbre se caractérise par une croissance de type sympodiale et fleurit à la fin du printemps et au début de l’été.
Le châtaignier est un arbre autostérile, c’est-à-dire que ses fleurs assurent elles-mêmes leur fécondation. Des études de l’INRAE attestent que cet arbre est strictement entomophile. En d’autres termes, sa fécondation est assurée par des insectes qui transportent le pollen.
Zoom sur les organes floraux
L’induction florale des fleurs du châtaignier commence vers le milieu de l’été dans l’hémisphère nord. Il est donc conseillé de bien irriguer le sol à cette période. Les fleurs mâles et femelles se trouvent sur la même plante, mais sont nettement séparées. Elles forment un glomérule le long des chatons situés sous les feuilles, exclusivement sur les jeunes rameaux.
Certaines variétés de châtaigniers possèdent des fleurs contenant des étamines, organes mâles composés d’une anthère (renfermant le pollen) et d’un filet. Chez ces espèces dites « staminées », la longueur de ce dernier détermine la faculté pollinisatrice de la plante. Ainsi, on distingue quatre variétés :
Variétés
Présence d’étamine
Longueur du filet
État de l’anthère par rapport au périanthe
Existence de pollen
Exemples
Astaminées
Non
–
–
Non
Bouche de Bétizac
Brachystaminées
Oui
1 à 3 mm
Ne dépasse pas le périanthe
Très peu de pollen
Marron de Lyon
Mésostaminées
Oui
3 à 5 mm
Dépasse légèrement le périanthe
Peu de pollen
–
Longistaminées
Oui
5 à 7 mm
Dépasse largement le périanthe
Beaucoup de pollen
Variétés pures : Marron de Goujounac, Marron Belle épine et Marron de Chevanceaux. Variétés hybrides : Précoce Migoule, Marsol, Bournette et Maraval.
Bon à savoir : le pollen des variétés pures de sativa est de meilleure qualité. C’est la raison pour laquelle les sativa sont des pollinisateurs de premier choix.
Ses fruits
Le fruit du châtaignier, la châtaigne ou le marron, est comestible. Plus précisément, le fruit est appelé « châtaigne » lorsqu’il est encore sur l’arbre. Il est désigné « marron » une fois dans l’assiette. De type akène, cette amande généralement ronde est enveloppée par un tégument et une pellicule astringente. Répartie en une à trois noix, elle est contenue dans une bogue verte épineuse constituée par un involucre de bractées, telle une capsule. Cette enveloppe dissuade certains prédateurs et s’ouvre en deux ou quatre valves à maturité, notamment à la fin de l’automne.
Origine et distribution géographique
Son aire de développement naturel se trouve sur les reliefs du nord de la Méditerranée, surtout dans les régions recevant beaucoup de pluie. Sa plus forte concentration se situe donc en Italie, en Grèce (au sud des Balkans) et en France (surtout dans le sud-est). On en trouve aussi en Espagne (au nord-ouest de l’Ibérie), en Turquie (au sud de la mer Noire), en Géorgie, en Arménie, en Azerbaïdjan… À part cela, le châtaignier a été planté et est devenu abondant en Europe méridionale, en Europe occidentale et en Afrique du Nord.
Le châtaignier est rarement présent dans une zone au climat continental, car ses bourgeons éclosent précocement au printemps. Cet arbre préfère le climat humide et doux d’Europe de l’Ouest. En raison de ses origines méditerranéennes, il supporte les sécheresses estivales. Toutefois, le cumul annuel des précipitations doit être élevé afin que le sol contienne suffisamment d’eau. Si le châtaignier est planté dans une zone au climat océanique, il requiert au moins 700 mm de précipitations par an. Ainsi, il peut parfois souffrir du climat trop sec du quart nord-ouest de la France.
En France
Présent dans toutes les régions, le Castanea sativa fait partie des arbres les plus feuillus constituant les forêts françaises. Il se répartit sur environ 744 000 ha et est cultivé en taillis. Son aire de distribution en France est fortement étendue. Il est présent en Corse, en Languedoc-Roussillon, en Ardèche, en Île-de-France, en Bretagne, dans le Limousin et en Midi-Pyrénées. On en trouve aussi en Auvergne, en Aquitaine, dans les Alpes méridionales, en Basse-Normandie et dans le massif des Maures, en Provence. Le châtaignier est plus rare dans le nord-est de la France, car les sols sont souvent argileux ou calcaires, ce qui ne lui convient pas. Il est considéré comme une plante obsidionale dans les Vosges, c’est-à-dire une plante ayant été propagée lors des occupations militaires ou des conflits armés.
Le châtaignier a un faible pouvoir de dispersion, sauf par zoochorie. Les analyses palynologiques démontrent que l’espèce apparaît à l’âge du bronze en Dordogne. Vers 2000 av. J.-C., les activités agropastorales de l’Homme ont permis de créer des milieux rudéralisés favorables au développement d’essences héliophiles, dont cet arbre.
À cette époque, le châtaignier était rare et sa culture n’était pas intentionnelle. Toutefois, il s’est répandu progressivement par le transport et le commerce des semis et des châtaignes depuis son aire d’origine plus méridionale. La culture de cet arbre débute en Dordogne à l’époque romaine et s’intensifie au Moyen Âge. Elle connaît son apogée en France aux XVIe et XVIIe siècles. Du XVIIe au XVIIIe siècle, la châtaigne fut la principale source de nourriture dans le Limousin.
Ailleurs
Le châtaignier est assez abondant aux Pays-Bas, dans les îles britanniques, au Royaume-Uni (notamment en Écosse et en Irlande) et en Belgique (en Flandre et dans le Hainaut). Il est éparpillé en Allemagne et se trouve surtout à l’ouest. Le climat à tendance continentale de l’Europe orientale et centrale ne lui convient pas totalement, d’où sa rareté dans ces zones. En revanche, il est abondant au sud-est de l’Europe : en Slovaquie, en Autriche, en Albanie, en Roumanie… Cet arbre se trouve aussi dans les parties les plus arrosées de l’Afrique du Nord, notamment en Algérie, en Tunisie et au Maroc.
Génétique et variétés de châtaigniers
Les études à base de marqueurs isoenzymatiques ont permis de distinguer six populations françaises de châtaigniers. Les recherches montrent que l’intervention humaine (de par son entreprise de sélection, de propagation et de reboisement) a réduit le nombre d’allèles par locus. Cela explique la fragilité de l’espèce par rapport à l’endothia.
Les châtaigniers se répartissent en variétés anciennes et modernes. On retrouve une cinquantaine de variétés de châtaigniers, dont :
Le Marron de Lyon
Ce châtaignier appartient aux variétés autofertiles. Ayant environ 3 cm de diamètre, ses fruits sont de couleur châtain tirant vers le rouge. Leur chair est farineuse, sucrée et goûteuse.
Le châtaignier Marigoule
Cette variété est particulièrement appréciée pour sa résistance aux maladies et ses grosses châtaignes rouge brun. Elle est issue de l’hybridation (artificielle ou naturelle) du châtaignier européen (Castanea sativa) et d’une espèce d’origine japonaise (Castanea crenata). Cette plante s’avère plus tolérante à la maladie de l’encre et au chancre de l’écorce du châtaignier par rapport aux variétés indigènes. Elle est toutefois plus sensible aux froids du printemps et à l’asphyxie.
Le châtaignier Maraval
Ce châtaignier hybride (européen-japonais) est sensible au gel, mais il résiste bien aux maladies et à la rouille. Il provient essentiellement de la Dordogne, de la Charente et de la Corrèze. Les châtaignes qu’il donne, les fruits des bogues, sont de couleur acajou et de forme triangulaire. Elles sont faciles à éplucher et se conservent bien.
Le châtaignier Marlhac
Cet arbre résulte de l’hybridation du Marron de Laguépie et du Castanea crenata. Il produit de gros fruits, même si la fructification est assez lente. Il résiste bien aux maladies du châtaignier.
Composition et apports énergétiques de la châtaigne
La châtaigne est souvent confondue avec le marron (également appelé marron d’Inde), le fruit du marronnier. Ce dernier aux fruits toxiques est un arbre totalement différent du châtaignier.
La châtaigne est ultra riche en sels minéraux (magnésium, potassium, fer, soufre et phosphore) et en vitamines (A, B1, B2 et C). Elle a donc une valeur nutritive importante et est une véritable source d’énergie. Sa valeur énergétique est de 196 calories au 100 g, soit 44,17 g de glucides, 1,63 g de protéines et 1,25 g de lipides. Il est possible de fabriquer de la farine avec ce fruit lorsqu’il est séché et broyé à la meule. Sans gluten, la farine de châtaigne peut être consommée par les personnes souffrant de maladie cœliaque.
Par ailleurs, le châtaignier comporte plusieurs substances actives. Les principales sont les tanins, les mucilages, les flavonoïdes, les résines, les pectines, les acides phénoliques, les sels minéraux et les vitamines.
Utilisations du châtaignier
Quelques éléments du châtaignier peuvent être exploités : le bois, les feuilles, l’écorce et le fruit. Quoi qu’il en soit, aucune contre-indication n’a été signalée. Aucun effet indésirable n’est non plus connu du moment que les dosages de consommation recommandés sont respectés.
Le bois de châtaignier
Contrairement aux idées reçues, le bois de châtaignier n’est pas dur. Il possède des propriétés mécaniques similaires à celles du chêne. Il est régulier, flexible, fissile, moins adhérent et généralement plus élastique. Ainsi, ce bois est facile à travailler et à fendre. De plus, il est riche en tanins, des polyphénols naturels remplissant une fonction de défense contre les micro-organismes. La proportion de cette substance dans le châtaignier est évaluée à environ 10 %. Celle-ci est présente dans le bois, les bogues et l’écorce. Cette richesse en tanins rend cette essence durable. Depuis des siècles, le bois de châtaignier est utilisé dans plusieurs domaines.
En construction, ce bois imputrescible (de couleur plus claire que celui du chêne) sert à fabriquer des tonneaux, des piquets, des charpentes et des castagnettes. Son usage s’étend aussi au domaine de la couverture. Il est utile pour créer des voliges, des bardeaux, etc.
En vannerie, le bois de châtaignier est très recherché pour sa résistance à l’humidité. Ce matériau est employé pour créer des paniers de pêche, des casiers à homards, des cagettes de stockage de poissons…
Son bois d’œuvre est apprécié en ébénisterie, en menuiserie et en ameublement. Il sert de matière première dans la construction de moulures, de lambris, d’escaliers, de meubles, de parquets…
Le bois de châtaignier est aussi utilisé comme combustible dans le domaine du chauffage, bien qu’il brûle mal. Non seulement il est mi-dur, mais sa combustion projette aussi des escarbilles et produit une quantité de fumée moyennement importante.
En agriculture, ce type de bois sert d’échalas pour la vigne, de piquet dans le montage d’une clôture, etc.
En France, le bois de châtaignier se retrouve régulièrement dans les maisons anciennes. Plusieurs charpentes de toiture ancienne fabriquées avec ce matériau subsistent encore. Cela atteste de la durabilité de cette essence à travers les siècles. Ce bois a été largement exploité de 1890 à 1960 pour sa haute teneur en tanins.
L’application des feuilles et de l’écorce en phytothérapie
Les feuilles et l’écorce d’un châtaignier renferment quelques vertus médicinales.
Les usages
En externe, le châtaignier aide à atténuer et à cicatriser les irritations de la peau. En interne, il est indiqué pour les troubles digestifs, car il a des propriétés astringentes. Expectorant, antitussif et antispasmodique, il est recommandé pour dégager les voies respiratoires et apaiser les affections. Cette plante a aussi des propriétés anti-inflammatoires, sédatives et apaisantes. Le bourgeon de châtaignier contribue à une bonne circulation sanguine et au drainage lymphatique. Riches en flavonoïdes, en mucilages et en tanins, les feuilles de cet arbre ont des vertus antibactériennes.
La posologie
Pour une utilisation externe, il est possible d’appliquer la décoction de châtaignier sur une zone à problème de peau. Pour ce faire, vous pouvez imbiber une compresse de ce liquide.
Pour une utilisation interne, vous avez la possibilité de profiter des bienfaits du châtaignier sous forme d’infusion. Laissez tremper 50 g de feuilles de châtaignier dans 1 l d’eau pendant une dizaine de minutes et buvez quotidiennement trois tasses de cette préparation. Si vous préférez consommer le châtaignier en tisane, vous avez besoin de 30 g d’écorce par litre d’eau froide. Portez cela à ébullition pendant une dizaine de minutes, laissez infuser 15 min et buvez cette tisane à raison de deux tasses par jour. Enfin, les bourgeons frais de châtaignier peuvent aussi être consommés par voie orale sous forme de complément alimentaire. Pour cela, il importe de macérer des tissus embryonnaires dans un mélange alcool-eau-glycérine pendant 20 jours. Commencez par verser cinq gouttes de ce macérat glycériné dans un verre d’eau et augmentez à dix au fil des jours. La cure doit durer trois mois, avec une fenêtre thérapeutique d’une semaine toutes les trois semaines.
La châtaigne en cuisine
Le châtaignier est surnommé « le pain du pauvre » dans certaines régions d’Europe, car il a longtemps occupé une place importante dans l’alimentation humaine. Les châtaignes sont utilisées en pâtisserie, en confiture et en confiserie. Elles sont aussi appréciées en purée, en galette, dans des salades, en crème, en soupe, en garniture de gibier, en farce dans les viandes…
Les apiculteurs produisent ce qu’on appelle le miel de châtaignier. Unique, ce miel se distingue par sa couleur variable (du jaune foncé au noir). Robuste et corsé, il présente aussi une forte odeur ainsi qu’une saveur boisée, voire amère. Son pH est très élevé (entre 5 et 6), d’où sa forte acidité.
Quelles châtaignes acheter sur le marché ?
Les meilleures châtaignes sont bien fermes, brillantes, grosses, lourdes et de calibre homogène. Il est conseillé d’en acheter en début de saison, c’est-à-dire fin octobre ou début novembre, selon les années.
Comment les éplucher ?
Pour les éplucher, il convient d’inciser leur peau et de les plonger dans une casserole remplie d’eau bouillante pendant deux à quatre minutes. Épluchez la peau, tant que les châtaignes sont encore chaudes. Certaines personnes les passent sous l’eau froide au fur et à mesure de l’épluchage afin de créer un choc thermique. Cela permet de décoller facilement le tan et l’écorce. Il suffit ensuite de presser le fruit entre deux doigts pour sortir la chair du marron d’un seul coup.
Si vous souhaitez peler des châtaignes crues, utilisez un couteau bien aiguisé et enlevez directement la peau et l’écorce.
Comment les cuire ?
Que vous les préfériez décortiquées ou non, plongez-les dans de l’eau bouillante salée pendant une demi-heure. Afin d’ajouter davantage de parfum, ajoutez une branche de figuier ou de fenouil dans le récipient. Pour vérifier la cuisson, la pointe de votre couteau doit transpercer facilement la chair. Si votre préparation est sucrée, procédez de la même manière, mais sans les feuilles de fenouil/de figuier et avec très peu de sel.
À part la cuisson à l’eau, il existe aussi une autre manière de préparer les châtaignes. Incisez la peau, mettez les fruits dans une poêle à trous et remuez afin qu’ils ne brûlent pas. Vous pouvez procéder sur une cuisinière ou une plaque à grillade. Si vous souhaitez vérifier la cuisson, laissez-en une non incisée. Lorsqu’elle sera cuite, elle explosera, tout comme les autres d’ailleurs.
Il existe une troisième manière de cuire les châtaignes : au four. Épluchez la première peau dure et posez les fruits sur une plaque à rebords. La deuxième peau se décollera facilement lorsque ceux-ci seront cuits. Avant la cuisson, n’hésitez pas à ajouter des copeaux de beurre afin de les rendre plus moelleux.
Culture du châtaignier
Cette section traite la plantation, la production et les ennemis du châtaignier.
Plantation et production
La castanéiculture est l’appellation administrative française désignant la culture de châtaignier en verger en vue d’une production commerciale. Le tableau ci-dessous réunit toutes les conditions environnementales à respecter pour que cet arbre fruitier se développe correctement.
Indicateurs
Quantité / Fréquence / Conditions
Explications
Température
Tous les jours
Thermophile, le châtaignier a besoin de chaleur pour pousser correctement.
Pluviométrie
Au moins 700 mm/an
À défaut, il est possible de compenser son besoin en eau par un système d’irrigation. Par ailleurs, cet arbre a particulièrement besoin d’eau en septembre.
Exposition au soleil
Lieu ensoleillé ou semi-ombragé
Héliophile, le châtaignier a besoin de lumière ou d’un endroit semi-ombragé. Les jeunes plantes tolèrent un léger ombrage. Elles atteignent rapidement 8 m de haut dans de bonnes conditions.
Rusticité (résistance au froid)
Température minimale : -15 °C
Le châtaignier résiste assez bien au froid hivernal, mais supporte mal les gelées tardives.
Humidité du sol
Pas trop sec à frais
pH du sol
4 ou 5, mais pas plus de 6,5
Il a besoin d’une terre de bruyère, notamment d’un substrat acide. Cette plante acidophile ne peut pas pousser sur un sol basique riche en calcaire.
Type de sol
Drainé à léger
Profondeur du sol
Au moins 50 cm
Cet arbre aime les sols profonds, là où le chêne vert, la fougère aigle et la callune prospèrent.
Richesse du sol
Pauvre
Cette plante est une espèce silicicole, donc elle préfère le sol schisteux, granitique et alluvionnaire.
Période de plantation
De février à novembre
Vitesse de pousse
Normale
Taille
1 fois par an
Comme le châtaignier est autostérile, il importe de planter au moins deux variétés compatibles entre elles afin d’obtenir des fruits. Le Marigoule (en marcotte) et la Bouche de Bétizac (à greffer sur le châtaignier Marsol) sont les deux variétés les plus préconisées. La densité de plantation de la première est de 10 m x 10 m, tandis qu’elle est de 8 m x 8 m pour la deuxième. Une plantation en quiconque est plus adaptée pour mieux occuper l’espace. Dans cette configuration, les graines sont disposées à égale distance sur le rang et par rapport au rang voisin.
Les techniques de multiplication végétative les plus adaptées aux châtaigniers sont le marcottage et le greffage. Si vous privilégiez la dernière méthode, il est judicieux d’agir lorsque le porte-greffe est bien en sève, notamment entre mi-avril et mi-mai.
Il est conseillé d’élaguer les bois les plus faibles, les gourmands et les bois morts pour obtenir des châtaignes de calibre conséquent.
Maladies et ravageurs
Cet arbre fruitier est sensible à deux types de maladies graves : le chancre de l’écorce et l’encre du châtaignier.
La maladie de l’encre du châtaignier
Apparue en 1860, cette maladie empêche la sève de circuler dans le système racinaire. Des lésions à la base du tronc apparaissent et exsudent la sève sous forme de liquide noirâtre. Cela cause le dessèchement des branches à partir de la cime. Les champignons Phytophtora cambivora et Phytophtora cinnamomi sont à l’origine de cette maladie. Les arbres ayant un système racinaire affaibli par la présence d’eau stagnante y sont particulièrement sensibles. Tel est également le cas de ceux ayant perdu plusieurs racines fines sous l’effet de la sécheresse. Les produits fongistatiques permettent de combattre ces ravageurs, mais seulement de façon momentanée. Dernièrement, des expériences en laboratoire ont indiqué l’antagonisme de certains champignons mycorhiziens face aux Phytophtora pathogènes, d’où leur utilisation pour la lutte contre cette maladie.
Le chancre de l’écorce du châtaignier
Cette maladie est causée par le champignon Cryphonectria parasitica. Des lésions brun rougeâtre sont visibles sur le tronc et les branches du châtaignier, ce qui dépérit ces zones. Pour prévenir cette affection ou pour en venir à bout, il est possible de perforer l’écorce avec un vaccin adapté. L’INRA de Clermont-Ferrand a également mené des recherches ayant permis de mettre au point et de commercialiser un moyen de lutte biologique contre cette maladie. Cela fait référence à l’utilisation des souches hypovirulentes du champignon qui entraînent la cicatrisation des lésions en quelques mois.
Le châtaignier et la culture
Le musée de la châtaigneraie se trouve à Joyeuse, une commune française située en Ardèche. Il expose les outils anciens, les objets usuels et le mobilier utilisés pour la culture de l’arbre le plus important de ce département. Les visiteurs ont accès au sentier du châtaignier, un parcours de randonnée visant à découvrir la châtaigneraie.
L’Ardèche abrite également la maison du châtaignier dans le village de Saint-Pierreville. Celle-ci retrace l’histoire locale de la castanéiculture à travers des documents sonores, des pièces d’archive et différents objets.
Dans le territoire de la Châtaigneraie Limousine, notamment à Châlus, la maison du châtaignier présente l’activité et la production du métier de feuillardier. Cet espace muséographique est interactif et propose des activités consacrées à cet arbre et à la châtaigne.
L’association ACRC (Aveyron Conservatoire Régional du Châtaignier) s’engage à sauvegarder, à étudier et à conserver les variétés anciennes de châtaignes en Aveyron. Elle contribue aussi au partage de la connaissance du patrimoine castanéicole régional aux autres départements de Midi-Pyrénées. Enfin, elle mène deux combats afin de conserver in situ les variétés. D’un côté, elle procède par élagage sévère pour rénover les anciens vergers. D’un autre côté, elle remet en production les vergers à travers l’usage agricole.
L’écrivain Marquis de Sade choisit l’odeur particulière des fleurs de châtaignier comme thème principal de son poème intitulé « La fleur de châtaignier ».