L’histoire du gbofé
Les dépositaires du « Gbofé d’Afounkaha » racontent que l’instrument est originaire de Koutiala, au Mali. Il a été introduit dans la communauté sénoufo, puis dans celle des tagbana au moment où Mory et Samory Touré ont fait la conquête de la région.
Le chef du village d’Afounkaha, Traoré Otamnan, avance que le Gbofé est une forme d’expression musicale qui est propre au groupe sénoufo. Les Tagbana pratiquent cette culture en tant qu’héritiers, au même titre que les autres sous-groupes de ce peuple.
De 1885 à 1890, les guerres de Mory et Samory Touré ont eu pour effet la dispersion de l’ethnie tagbana. De fil en aiguille, le gbofé est tombé progressivement dans l’oubli, et ses caractéristiques originelles sont perdues.
La légende raconte que, longtemps après, des génies auraient demandé à Ouattara Pétahaman de remettre en avant cette expression musicale du groupe sénoufo. À travers un songe, ils lui auraient indiqué d’aller dans la brousse, de recueillir des racines de nangnranhan et de fabriquer des gbofé.
Ils lui auraient également recommandé de prendre des troncs de fitioo pour fabriquer des tambours. Il devait ensuite rassembler des femmes pour leur apprendre les chants que les génies ont transmis, et de jeunes gens pour leur enseigner la danse appelée « Gbofé voor ».
En suivant ces recommandations à la lettre, Ouattara Pétahaman a contribué à la renaissance du gbofé à la fois en tant qu’instrument et en tant qu’expression musicale.
La place du gbofé dans la culture
Les thèmes abordés dans cette culture musicale concernent l’amour, le courage, la louange, la trahison, le deuil ou encore la guerre. Ceux qui sont chantés par les femmes ont un objectif précis. Ils visent l’éducation de la population, ainsi que la culture de la paix et de la cohésion sociale entre les communautés.
Le gbofé est aussi utilisé lors des réjouissances. Autrefois, il était uniquement employé pour les musiques et les danses sacrées. Il était joué pour encourager les guerriers qui allaient défendre leur patrie ou pour acclamer ceux qui revenaient après une guerre remportée sur les ennemis. Il servait également à accueillir le roi accompagné de ses guerriers.
En raison des guerres et des migrations, le rituel a disparu dans certaines régions de la Côte d’Ivoire, mais a été réintroduit dans certaines communautés. Aujourd’hui, il est joué lors de grands événements, notamment l’accueil d’une haute personnalité, les mariages, les baptêmes, les célébrations de décès.
Le fonctionnement du gbofé
Le bon fonctionnement du gbofé dépend en grande partie de sa qualité de fabrication et du savoir-faire des musiciens.