Production du vanadium
Le vanadium consommé dans les diverses applications citées ci-dessus vient de trois sources. Ce sont les minerais, les autres sources naturelles et les procédés industriels.
Minerais de vanadium
Selon l’Institut de recherche en minéralogie américaine, la réserve mondiale en vanadium est estimée à plus de 63 millions de tonnes. L’élément se rencontre dans la nature sous forme de composés chimiques présents dans plus de 65 espèces de minerais, dont la bauxite, la tanzanite et les matières carbonées comme le charbon.
Les minerais les plus courants dans la métallurgie du vanadium sont les suivants :
- la patronite, la bravoite dans les mines du Pérou, la sulvanite dans des exploitations australiennes et américaines, la davidite en Australie, la cuprodescloizite et la descloizite de Namibie et de Zambie ;
- la carnotite, la roscoélite, extraites des roches gréseuses des plateaux du Colorado (USA), sont des sources moins importantes de vanadium, mais qui permettent de produire conjointement de l’uranium ;
- les roches schisteuses phosphato-vanado-ferreuses sont des sources importantes pour la métallurgie du vanadium et l’obtention du phosphore,
- la magnétite titano-ferreuse ou titanomagnétite présente en Russie, en Chine, mais surtout dans la République sud africaine, devient aussi une source significative de vanadium.
Tous les minerais sont, au préalable, concassés, broyés et tamisés avant d’être engagés dans un procédé d’extraction. Le minerai de vanadium est généralement un sous-produit de l’extraction minière d’une autre matière. La production minière mondiale de vanadium en 2022 était estimée à 100 000 millions de tonnes. Les 4 principaux pays producteurs sont la Chine à 70 000 millions de tonnes, la Russie à 17 000 millions, l’Afrique du Sud à 9 100 millions et le Brésil à 6 200 millions. Les mines américaines, elles, ont été fermées en 2020 suite à la situation sanitaire et n’ont pas encore repris en 2022.
Production industrielle du vanadium
Outre la source naturelle, le vanadium et ses dérivés peuvent être obtenus de la production industrielle. Le vanadium est notamment obtenu comme produit secondaire dans certaines fabrications industrielles. La métallurgie de l’aluminium avec la bauxite comme matière produit notamment du sel de vanadium comme déchet. Il en est de même des raffineries de pétrole dont les résidus renferment jusqu’à 40 % de vanadium. Les suies et les cendres des centrales thermiques contiennent également du vanadium.
Outre les déchets industriels, plusieurs procédés permettent de produire le vanadium. Le vanadium élémentaire est produit par la réduction du chlorure de vanadium par l’hydrogène ou le magnésium. Il est également obtenu par le même processus, mais avec du pentoxyde de vanadium comme matière première et le calcium comme agent réducteur. Cette dernière méthode permet de produire un vanadium pur à 99,5 % à l’échelle commerciale. Ce niveau de pureté peut être augmenté jusqu’à plus de 99,9 % par des méthodes d’affinage (aluminothermie, traitement par iode ou électrotransport) selon la qualité désirée.
Le pentoxyde de vanadium quant à lui peut être obtenu par réduction de titanomagnétite par du charbon à haute température. Le procédé produit des scories contenant en majorité du titane et de la fonte brute avec principalement du fer et du vanadium. De l’oxygène est ensuite insufflé à la fonte brute en fusion pour produire un autre type de scorie contenant jusqu’à 12 à 24 % de pentoxyde de vanadium.
Il peut également être produit de la carnotite (uranium-vanadium) par lavage à l’acide sulfurique. Le procédé consiste à l’extraction au solvant de l’uranium et la réduction à la poudre de fer du vanadium. Le vanadium obtenu est à l’état de sulfate de vanadyle, qui est oxydé par du chlorate de sodium pour être ensuite précipité par sel d’ammonium.
Risques du vanadium sur la santé et sur l’écologie
Comme il a été dit plus haut, le vanadium est un composant essentiel dans certaines activités industrielles. Seulement les composés du vanadium, en particulier le pentoxyde de vanadium, présentent une toxicité pouvant présenter des risques pour l’humanité et l’environnement.
Toxicité du vanadium
Si toute la population mondiale est faiblement exposée au vanadium par sa présence dans l’air, l’eau et les aliments, les personnes travaillant dans les usines de traitement du vanadium sont les plus à risque. Le vanadium est effectivement plus concentré dans les usines de traitement du produit, mais il est également présent dans la fumée des cigarettes, les installations industrielles de combustion de fioul ou de charbon.
Les effets de l’exposition aux composés du vanadium, que ce soit par ingestion, contact cutané ou inhalation, varient selon la dose, la durée et le degré de toxicité de la matière. Certains dérivés du vanadium sont plus toxiques que d’autres, comme les oxydes de vanadium le sont plus que les vanadates. Ils sont classés en trois niveaux de gravité. La forme légère se présente par une rhinite et une irritation de la gorge. Le rhume peut donner suite à un état de faiblesse générale. Des cas de conjonctivite et de diarrhée peuvent de même survenir. La forme modérée inclut la conjonctivite, l’irritation des bronchites avec une difficulté à respirer, ainsi que des vomissements et de la diarrhée. Elle peut également se manifester par des éruptions cutanées. La forme sévère se caractérise par des bronchites et des broncho-pneumonies. Les maux de tête, vomissements et palpitations peuvent aussi s’aggraver. Des désordres du système nerveux comme des états neurotoxiques sévères et des tremblements des mains et des doigts en constituent d’autres symptômes.
Les recherches sur la caractéristique de perturbateur endocrinien du vanadium ont démontré que l’élément peut être mortel à forte dose et présenter des effets secondaires majeurs en termes reproductif et génétique. Les expériences menées sur des animaux de laboratoire ont montré qu’à long terme, une forte exposition au vanadium entraînait un affaiblissement avec anorexie et perte de poids. Ces symptômes s’ensuivent d’hémorragies nasales ou pulmonaires avec une nécrose des tissus lymphoïdes et une nécrose tubulaire rénale, le foie et le poumon étant les organes montrant le plus de concentration de vanadium. Ces pathologies conduisent à la mort. La reprotoxicité, à savoir la diminution du nombre de nouveau-nés viables et la génotoxicité (transformation de l’ADN) ont également été observées chez des rats de laboratoire suite à une exposition continue au vanadium.
Des antidotes et chélateurs existent pour réduire la toxicité du vanadium et ses dérivés, comme les extraits végétaux de sésame. Seulement leur utilisation donne suite à des effets secondaires.
Écotoxicité du vanadium
Le cycle bio-géochimique du vanadium se caractérise par un relargage naturel dans l’atmosphère, l’eau et la terre, et par des sources anthropogéniques. Les sources d’exposition au vanadium dues à des phénomènes naturels semblent conséquentes. Par exemple, dans l’air ou dans l’eau, le vanadium provient principalement des émissions volcaniques, de l’érosion des roches. Mais les sources anthropiques gagnent en importance dans la pollution de l’air, du sol et des eaux avec l’accroissement des activités industrielles relatives au vanadium, notamment dans les régions pétrolières et industrielles.
Les aérosols d’hydrocarbures des usines de chauffage et de raffinement du pétrole produisent notamment pas moins de 100 Gg de vanadium par an. Les usines d’extraction de pétrole produisent au maximum 410 Gg de vanadium par an. Les particules de vanadium présent dans l’atmosphère sont estimées à 150 Gg dont un pourcentage est transformé en eau de pluie pour terminer dans les océans.
Ces quantités présentent un risque pour la faune et la flore, notamment avec la pollution des eaux et des sols. Les seuils de toxicité varient selon les espèces. Chez les animaux marins, la concentration d’effet se situe entre 0,37 et 65 mg/L chez les crustacés et entre 0,16 et 55 mg/L pour les poissons. La phytotoxicité a été avérée dès quelques mg/L chez les algues d’eau douce et les zooplanctons cultivés en laboratoire. Une situation à risque pour la chaîne alimentaire des milieux aquatiques et l’écosystème en entier. Pour les animaux, la dose létale varie également selon l’espèce, mais un cas récent suédois a vu la mort de 23 bovins d’un troupeau de 98 têtes en 10 jours après une intoxication aigüe par ingestion d’herbe contaminée au vanadium, issu d’un épandage de laitier métallurgique. Quant à la pollution des sols au vanadium, elle est plus observée dans les régions exploitant cet élément, notamment aux États-Unis et en Afrique du Sud. Les concentrations varient selon le niveau d’exploitation et la nature du sol, pouvant aller jusqu’à 9 200 mg/kg de sol. En cas de forte concentration, la diffusion de cet élément toxique peut augmenter les risques environnementaux.