Isotopes du métal rhénium
Le rhénium dispose de trente-cinq isotopes connus, dont les nombres de masse varient entre 160 et 194. Le 185Re est le seul isotope stable, ce qui fait du Re un élément monoisotopique. Il possède également 21 isomères nucléaires. Similairement au vanadium, au lutécium, à l’europium, au rubidium, au lanthane et à l’indium, il coexiste avec 187Re. Ce dernier est un isotope naturel avec une demi-vie de 41,2 milliards d’années (trois fois plus que l’âge de l’univers). Par conséquent, l’élément 75 n’est pas mononucléidique. Par ailleurs, comme dans le cas du tellure et de l’indium, ce radioisotope est le plus répandu des isotopes (62,6 % contre 37,4 %).
La masse atomique standard du rhénium est de 186,207.
La production du rhénium
Le rhénium est un métal de couleur gris à teinte argentée extrait de la molybdénite, sous la forme d’heptoxyde (Re2O7) dans le porphyre cuprifère. Ensuite, le Re2O7 est transformé en NH4ReO4 (perrhénate d’ammonium). En présence d’hydrogène, ce dernier est changé en rhénium métallique. Il est également possible d’obtenir du Re en recyclant les matériaux qui contiennent l’élément 75.
On produit en moyenne cinquante tonnes de rhénium par an dans le monde. En 2021, la majorité de la production mondiale était de :
- 15 % pour les États-Unis ;
- 16 % pour la Pologne ;
- 49 % pour le Chili.
Le prix du rhénium connaît une baisse depuis quelques années. En 2021, un kilogramme de rhénium, sous forme de pastilles pures à 99,99 %, était vendu à moins de 1000 USD.
Les diverses applications du rhénium
Le rhénium est un métal résistant très utilisé dans la fabrication de superalliages et il est largement utilisé dans l’aéronautique. Environ les trois quarts de la production de ce métal est employé pour la fabrication de turbines, notamment dans les moteurs à réaction. En 2008, dans son initiative sur les matières premières, la Commission européenne a souligné l’importance des superalliages au rhénium dans la fabrication des aéronefs modernes. En effet, le haut point de fusion du Re contribue à augmenter la résistance des matériaux à une température élevée.
Dans l’industrie pétrochimique, ce métal sert de catalyseur. On l’utilise ainsi pour produire de l’essence en recourant à la technique de reformage catalytique. Cette opération provoque des réactions chimiques servant à transformer des fractions pétrolières (naphtas lourds) en bases liquides à haut indice d’octane.
Le rhénium est un matériau capable de rendre le filament d’un four électrique beaucoup plus résistant à la chaleur. Il est également utile dans la conception de thermocouples.
L’élément 75 sert de joint dans les CED ou Cellules à Enclumes de Diamant. Surpassant l’acier inoxydable et les alliages du cuivre avec le béryllium (CuBe), le Re est privilégié pour sa forte résistance. En effet, la pièce en rhénium est placée entre deux diamants et supporte les pressions hydrostatiques élevées générées par les CED. Le 186Re ainsi que le 188Re sont deux isotopes radioactifs qui entrent dans la composition d’un traitement du cancer de foie. Ces isotopes sont des émetteurs bêta largement utilisés en thérapie par radionucléide. Le principal intérêt de la radiothérapie métabolique par rhénium chez un patient souffrant de métastases osseuses est de diminuer la douleur ressentie.