Les applications du polonium
L’élément 84 est utilisé comme source α.
Mêlé avec le béryllium, le polonium est employé comme source de neutrons. Le 210Po émet une particule α qui sera absorbée. De cette absorption, le béryllium produira un neutron. Ce système sert de détonateur des premières bombes nucléaires. Le polonium est aussi utilisé comme source primaire au fonctionnement des réacteurs nucléaires. Dans le domaine spatial, il est une source d’énergie pour les satellites.
Les sources β sont privilégiées dans les applications antistatiques, car elles sont moins dangereuses. Cependant, le 210Po y a aussi un usage tel que des brosses pour outils sensibles à l’électricité statique.
Dégageant 140 w/g, le polonium 210 est une source de chaleur. Il peut alimenter les robots d’exploration planétaire. Il a été utile au programme Lunokhod soviétique.
L’intoxication au polonium
Étant hautement radioactif, le polonium est très toxique même à de petites quantités. La manipulation du 210Po nécessite des procédures particulières avec un équipement approprié. Les émissions de particules α entraînent des lésions tissulaires directes. La mort survient après ingestion de 1 à 10 µg de polonium 210.
Le seuil d’activité tolérable de polonium est de l’ordre de 1 100 Bq ou 6,6×10-12 g. Le polonium est 106 fois plus toxique que le cyanure de potassium ou de sodium.
Les experts suisses suspectent une intoxication au polonium suite au décès du leader palestinien Yasser Arafat. Les analyses ont révélé d’importantes concentrations de l’élément dans son organisme. La conclusion ne peut pas encore être définitive. De plus, des analyses demandées par la justice française ont exclu un empoisonnement.
En 2006, Alexander Litvinenko est assassiné par empoisonnement au polonium. Une forte dose de l’élément 84 aurait été administrée à l’espion russe. Cela a conduit à sa mort en trois semaines. En comparant les données de laboratoire sur les animaux, cette dose a été estimée à quelques µg. Selon le Berliner Zeitung, le coût de cette dose serait de 25 millions USD.
La présence du polonium dans le tabac
L’engrais à base d’apatite explique la présence de polonium 210 dans le tabac. La fumée de tabac renferme une petite quantité potentiellement nocive de polonium. Elle est de 5 à 10 µSv par tige de cigarette.
Aux États-Unis, 1 % des cancers du poumon incriminent le 210Po. Cela est dû aux faibles doses d’exposition accumulées par les fumeurs. Cette théorie est basée sur l’extrapolation des petites doses. L’impact réel est encore flou. Les conséquences de fortes doses sont estimées par une modélisation linéaire sans seuil.
Le début des années 60 marque la découverte du polonium dans la fumée de cigarette. Les grands fabricants américains recherchent le moyen de diminuer l’élément 84 dans les cigarettes. Philip Morris International a même créé le premier laboratoire mesurant le rayonnement du polonium dans le tabac. Les premiers résultats ont été favorables, car ils ont été deux à trois fois inférieurs aux estimations. Ces informations n’ont pas été publiées par ordre des avocats de la compagnie. Ils craignaient une dégradation des relations publiques avec des procès non bénéfiques. De plus, les tentatives de réduction du polonium dans les plantes ont été vaines. Ils ont estimé le dévoilement du sujet comme créateur de nouveaux conflits.