Catalyse
Le palladium est parfois utilisé en remplacement du platine comme catalyseur dans l’industrie chimique. Cet usage représente environ 5 % de la consommation mondiale. En chimie organique, on le disperse sur du charbon actif, à une concentration de 10 % pour catalyser les réactions d’hydrogénation ou de déshydrogénation. Tel est le cas du craquage du pétrole. De même, il facilite la formation de liaisons carbone-carbone dans de nombreuses réactions, comme le couplage de Suzuki ou la réaction de Heck.
Catalyseur de haute qualité
Dispersé sur des matériaux conducteurs, le palladium devient un électro-catalyseur de qualité supérieure pour l’oxydation des alcools primaires en milieu alcalin. Sa polyvalence est utile pour la catalyse homogène. Sa combinaison avec une grande variété de ligands rend possible des transformations chimiques complexes. Une étude menée en 2008 a démontré son efficacité en tant que catalyseur dans la synthèse du fluorure de carbone. Il sert aussi de base au célèbre catalyseur de Lindlar utilisé en chimie organique pour l’hydrogénation sélective d’alcynes en alcènes cis ou trans.
Pots catalytiques
L’industrie automobile est le principal utilisateur de palladium. Elle s’en sert avec d’autres métaux tels que le platine et le rhodium dans les pots catalytiques. Cette technique permet d’accélérer la transformation des produits toxiques issus de la combustion du carburant en composés moins nocifs (le dioxyde de carbone et l’eau). En 2018, plus de 80 % de la consommation mondiale de palladium a été attribuée à cette industrie, contre seulement 57 % en 2006. Un pot catalytique contient en moyenne entre 3 et 5 g de palladium, dont une grande partie est recyclée lors de la mise à la casse des véhicules.
Le prix du palladium est moins élevé que celui du platine. Cependant, lorsque la spéculation sur le palladium augmente, les fabricants automobiles ont tendance à le remplacer par son équivalent chimique, le platine. En décembre 2018, le prix du palladium a dépassé celui de l’or. Avec la croissance du parc automobile électrique, la demande de ce métal pourrait diminuer, réduisant ainsi la pression sur son prix.
Électronique
Le palladium joue un rôle important dans la fabrication de condensateurs multicouches en céramique et de connecteurs, parfois en alliage avec le nickel. Ceux-ci sont couramment employés dans les produits électroniques grand public tels que les téléphones portables, les ordinateurs, les télécopieurs et l’électronique embarquée des véhicules. Le secteur de l’électronique est donc le deuxième plus grand consommateur de palladium, après l’industrie automobile. Selon une étude de Johnson Matthey, il en a consommé 1,07 million d’onces troy (33,2 tonnes) en 2006. Ce chiffre correspond à environ 14 % de la consommation mondiale de ce métal. En outre, il est possible de s’en servir pour l’électrodéposition de composants électroniques et de matériaux de soudure.
Technologies
Le palladium est utilisé comme électrode dans les piles à combustible en raison de sa capacité à absorber l’hydrogène. Sa conductivité varie en fonction de la quantité d’hydrogène qu’il peut capter dans son réseau cristallin. À haute température, l’hydrogène se diffuse aisément à travers ce métal noble, permettant ainsi la purification de ce gaz. Dans cette optique, des réacteurs équipés de membranes de séparation en palladium sont utilisés pour produire de l’hydrogène de grande pureté. Par ailleurs, ce platinoïde est un élément important dans les études électrochimiques qui utilisent l’électrode à hydrogène-palladium. On utilise le chlorure de palladium(II) sous forme dihydratée pour oxyder d’importantes quantités de monoxyde de carbone (gaz toxique léger). Il est couramment utilisé dans les détecteurs de CO. Quant au dichlorure de palladium, une poudre brune dont le point de fusion est très bas, il sert à produire du noir de palladium.
Stockage de l’hydrogène
L’hydrure de palladium(II) est le terme utilisé pour désigner le palladium métallique qui emmagasine une quantité notable d’hydrogène à l’intérieur de sa structure cristalline. Ce processus d’absorption est réversible. Autrement dit, cet élément chimique est en mesure de libérer l’hydrogène qu’il a absorbé.
En raison de l’intérêt croissant pour le stockage de l’hydrogène dans les piles à hydrogène, de nombreuses études se concentrent sur cette propriété particulière du palladium. Une compréhension approfondie des mécanismes moléculaires associés à ce processus pourrait conduire à la création d’hydrures métalliques améliorés. Ainsi, on pourra développer des solutions de stockage d’hydrogène plus efficaces. Toutefois, l’utilisation exclusive du palladium à cette fin est peu pratique à cause de son coût élevé.
Odontologie
Le palladium était largement utilisé dans la fabrication de couronnes dentaires. Il était combiné à différents alliages comprenant du cuivre, de l’argent, de l’or, du platine, voire du zinc. Ce secteur utilise 14 % du palladium produit au niveau mondial.
Joaillerie
L’application du palladium dans la joaillerie représente 5 % de la consommation mondiale. Il est utilisé pour le plaquage en feuilles et pour la fabrication de l’or blanc (un alliage à base d’or et de palladium).
Photographie
Le palladium avait été utilisé en photographie avant le 13 octobre 2017, quand il coûtait encore moins cher que le platine. Cet élément chimique offrait des tons bruns chauds, tandis que les tirages au sel de platine présentaient des nuances grises froides.
Propriétés chimiques du palladium
Les états d’oxydation les plus couramment observés pour le palladium sont 0, +1, +2 et +4. Bien qu’il ait été précédemment suggéré que certains composés pourraient contenir du palladium à l’état d’oxydation +3, aucune preuve n’a confirmé cette hypothèse. Des études ultérieures utilisant la diffraction des rayons X ont révélé que ceux-ci renferment en réalité un dimère de palladium(II) et de palladium(IV). Récemment, des chercheurs ont réussi à synthétiser des composés avec un état d’oxydation de +6 pour le palladium.
L’hexachloropalladate(IV) est moins courant. Il n’existe ni forme ionique simple ni cations monoatomiques pour le palladium, contrairement au nickel. Il est capable de former de nombreux complexes, que ce soit sous forme d’ions ou de molécules, tout comme le platine.
Réactivité
Le corps simple du palladium réagit facilement à l’oxygène et aux acides forts. Il entre en réaction les halogènes à des températures élevées. À 500 °C, il forme le trifluorure de palladium (PdF3) avec le fluor. De même, en le chauffant au rouge avec le chlore, il produit du chlorure de palladium(II) (PdCl2). Ce dernier composé, de nature non ionique, possède une structure macromoléculaire linéaire et une maille cristalline cubique. Quand on le dissout dans l’acide nitrique, il se précipite sous forme d’acétate de palladium(II) après l’ajout d’acide acétique.
Ces sels de palladium, de même que le bromure de palladium(II), sont fréquemment utilisés en chimie en raison de leur forte réactivité et de leur faible coût. Le chlorure et le bromure doivent toutefois être chauffés à reflux dans de l’acétonitrile pour former des complexes d’acétonitrile (monomères hautement réactifs). Le chlorure de palladium(II) joue un rôle clé dans la fabrication de nombreux catalyseurs à base de palladium. Il est le précurseur des catalyseurs comme le palladium sur sulfate de baryum ou le palladium sur carbone. En entrant en réaction avec des solvants coordinants, la triphénylphosphine forme du dichlorobis(triphénylphosphine)palladium(II). Ce catalyseur peut être généré in situ.
Composés et complexes
En utilisant l’hydrazine (N2H4) en présence d’une quantité supplémentaire de triphénylphosphine, le complexe est réduit pour former le tétrakis(triphénylphosphine)palladium(0). Il s’agit de l’un des complexes de palladium(0) les plus importants. Le tris(dibenzylidèneacétone)dipalladium(0) (Pd2(dba)3) est l’autre complexe majeur du palladium(0). Il est obtenu en réduisant du hexachloropalladate(IV) de sodium et en y ajoutant du dibenzylidèneacétone.
La majorité des réactions catalysées par le palladium sont appelées réactions de couplage pallado-catalysées. Des exemples bien connus incluent la réaction de Heck, la réaction de Suzuki et la réaction de Stille. Des complexes comme l’acétate de palladium(II), le tétrakis(triphénylphosphine)palladium(0) et le tris(dibenzylidèneacétone)dipalladium(0) sont utilisés en tant que catalyseurs ou précurseurs de catalyseurs. Il peut néanmoins y avoir un inconvénient lié à leur décomposition à haute température lors des catalyses au palladium. Cette réaction est susceptible d’entraîner la formation de palladium métallique sous forme de palladium noir ou de dépôts de palladium sur les parois du réacteur.
Les composés de palladium incluent :
- l’oxyde de palladium (PdO) ;
- le sulfure de palladium (PdS) ;
- les dihalogénures de palladium (PdF2, PdCl2, PdBr2, PdI2) et leurs hydrates éventuels (comme PdCl2.H2O) ;
- le sulfate de palladium (PdSO4) ou son hydrate dihydraté (PdSO4.2 H2O) ;
- le nitrate de palladium (Pd(NO3)2) ;
- l’acétate de palladium (Pd(CN)2) ;
- le cyanure de palladium (Pd(CN)2) ;
- le carbure de palladium.
Parmi les complexes, on peut citer les complexes formés avec :
- l’eau [Pd(H2O)4]2+ ;
- les chlorures [PdCl4]2−;
- l’ammoniac [Pd(NH3)4]2+ ;
- l’ammoniac et d’autres métaux [Pd(NH3)2X2]chargés.