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Ruthénium

element-chimique-44-ruthenium

Caractéristiques du ruthénium

  • Symbole : Ru
  • Masse atomique : 101,07 ± 0,02 u
  • Numéro CAS : 7440-18-8
  • Configuration électronique : [Kr] 4d7 5s1
  • Numéro atomique : 44
  • Groupe : 8
  • Bloc : Bloc d
  • Famille d’éléments : Métal de transition
  • Électronégativité : 2,2
  • Point de fusion : 2 334 °C

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Le ruthénium, élément atomique n°44 de symbole Ru : son histoire et ses généralités, ses isotopes, ses propriétés, ses utilisations et et sa toxicité.

Le ruthénium est un métal rare qui se trouve généralement en faibles concentrations dans les autres platinoïdes, en particulier le platine. Symbolisé par Ru, il porte le numéro atomique 44. Il possède des propriétés magnétiques uniques, ce qui en fait un élément essentiel dans de nombreuses applications technologiques modernes. l’élément constitue un matériau de base dans la conception de composants électroniques. Grâce à ses nombreuses applications et son rôle clé dans d’innombrables secteurs, le ruthénium est considéré comme un métal stratégique.

Généralités sur le ruthénium

Le Ru appartient au groupe des métaux nobles, également connu sous le nom de PGM ou le Groupe des Métaux du Platine. Bien que dur, mais il est exceptionnellement fragile, ce qui en fait un métal unique. En effet, il possède une dureté de 6,5 sur l’échelle de Mohs. Néanmoins, il est le moins lourd dans sa catégorie de platine. L’élément 44 n’est pas ordinaire. Il est également un excellent additif et est utilisé comme alliage pour donner une couleur noire à l’or. Ce métal de transition a une masse volumique de 12,1 g·cm3 (20 °C). Il intègre le groupe 8 de la cinquième période de la classification périodique. Sa configuration électronique est [Kr] 4d7 5s1 et sa structure cristalline lui confère une forme compacte et hexagonale.

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L’histoire du ruthénium

En 1803 et 1804, Smithson Tennant avait échoué à identifier le ruthénium probablement en faible teneur ou à l’état de traces.

En 1807, le chimiste polonais Jędrzej Śniadecki avait déjà isolé le métal qu’il a nommé « vestium », mais il avait renoncé aux droits sur sa découverte.

En 1828, le pharmacien chimiste Gottfried Osann a étudié les résidus de la dissolution du platine brut des montagnes russes de l’Oural dans de l’eau régale. Par la suite, il avait déclaré avoir découvert trois nouveaux éléments dans la liqueur jaune. Il avait nommé l’un d’entre eux « ruthénium », du nom latin Rhuténie (relatif à la Russie). Cependant, son travail maladroitement rédigé avait été contesté par Jöns Jacob Berzelius qui, averti des travaux anglo-saxons, connaissait l’iridium et le rhodium. En effet, il avait tenté de reprendre l’expérience, mais a échoué à trouver le troisième élément. Berzelius avait alors émis un doute suivi d’un véto scientifique sur les travaux d’Osann.

En 1844, le chimiste Carl Ernst Klaus, également connu sous le nom de Karl Karl Karlovitch (Klaus) ou Karlovic Klaus, né à Dorpat, a isolé le ruthénium à l’état pur et en quantité significative. Il a travaillé à partir des résidus poudreux noirs de production de platine, dissous dans de l’eau régale. Il est parvenu à isoler six grammes de l’élément et a développé la chimie du Ru. Il a ainsi confirmé ainsi les travaux pionniers de Osann et a maintenu le nom de ruthénium.    

L’isotope du ruthénium

Avec une masse atomique relative à 101,07 u, la configuration électronique du ruthénium comporte 44 noyaux. L’élément possède 34 isotopes connus, avec des nombres de masse compris entre 87 et 120, ainsi que 7 isomères nucléaires. Sept de ces isotopes naturels sont stables :

  •  96Ru stable avec 52 neutrons,
  •  98Ru stable avec 54 neutrons,
  •  99Ru stable avec 55 neutrons,
  •  100Ru stable avec 56 neutrons,
  • 101Ru stable avec 57 neutrons,
  • 102Ru stable avec 58 neutrons,
  • 104Ru stable avec 60 neutrons,
  • 106Ru sur une période de 373,59 j.

Seuls les isotopes à l’état stable du ruthénium se trouvent à l’état natif. Le 102Ru est l’isotope le plus abondant dans la croûte terrestre. Les isotopes 99Ru et 101Ru ont tous deux un spin nucléaire de 5/2, sachant que le spin représente le moment cinétique intégré d’une particule. Cela les rend utilisables en résonance magnétique nucléaire (RMN), avec un rapport gyromagnétique de 1,234 et 1,383 (en 107rad.T−1.s−1).

L’occurrence du ruthénium

La croûte terrestre renferme 5000t de Ru. Le Clarke de cet élément est à moins de 1 mg/tonne. Le ruthénium naturel se présente en métal, généralement combiné en faible quantité à l’iridium ou au platine.

L’Afrique du Sud possède 91%, voire la quasi-totalité, des réserves internationales de platinoïdes. Le sol de ce pays détient une haute teneur en ruthénium. Selon les estimations, il renferme 98% des réserves mondiales de ruthénium. En termes statistiques, l’Afrique du Sud se place à la tête des pays producteurs avec 5 540t de Ru ancrés dans le sol africain. À la seconde place se trouve le Zimbabwe avec 60t, suivie par la Russie avec 43t.   

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La production de ruthénium

12t de ruthénium sont produites par an à l’échelle mondiale, principalement comme sous-produit de l’extraction des platinoïdes dans les mines de platine. En effet, le Ru constitue un sous-composant des métaux précieux comme l’iridium, le rhodium, le platine et le palladium. Les minéraux extraits doivent subir un traitement pour extraire cet élément. La laurite (RuS2) est le principal minerai direct qui contient du ruthéniul. Le nickel et le cuivre contiennent également des traces de l’élément 44.

Le processus d’extraction est complexe et passe par plusieurs étapes. La première phase consiste à extraire du platine et de l’osmium des minerais précieux. On obtient alors un résidu de liqueur jaune dans lequel se concentrent les autres platinoïdes. Cette substance est ensuite transformée en une éponge métallique qui se cristallise en iridium et en ruthénium. Les cristaux sont mélangés à une base alcaline composée par de potasse KOH et de nitrate de potassium KNO3 avant de subir un traitement thermique. Le ruthéniate de potassium qui en découle doit être rincé avec de l’eau pour former un précipité d’oxyde d’iridium. Ce même ruthéniate de potassium se mélange à température élevée avec du dichlore (Cl2) pour donner de l’anhydride hyperuthénique ou RuO4. La solution est ensuite distillée avec de la potasse Ru2CO3 pour obtenir le métal Ru.   

Les propriétés physiques et chimiques du ruthénium

Le ruthénium est un corps solide avec une structure hexagonale compacte. Sa couleur varie en fonction de la méthode d’extraction utilisée, bien qu’il fluctue généralement entre le gris bleu et le blanc argenté. Toutefois, ce métal peut teindre l’or en noir. Il possède une densité de 12,2, le classant ainsi parmi les métaux de transition les moins lourds de sa catégorie.

Bien qu’il soit dur, le Ru peut également se casser facilement et présente des propriétés similaires à l’osmium et au platine. Sa température de fusion commence à partir de 2330°C. La métallurgie du ruthénium est complexe et peut être réalisée par fusion à l’arc électrique sous atmosphère inerte d’argon ou par des techniques de métallurgie des poudres.

L’élément 44 entre en ébullition à 4100°C, malgré sa haute résistance au choc thermique. Le Ru est inaltérable à l’air et insoluble dans l’eau. C’est un élément inerte et il ne réagit pas au contact d’acide, même à l’eau régale. S’il est stocké à température ambiante, son processus d’oxydation et de corrosion reste inactif, même sous l’influence des alcalis. Ce corps chimique se dissout dans les bases fondues.

Le ruthénium est un supraconducteur. Cette propriété, associée à sa grande valeur pratique et scientifique, rend ce métal précieux et intéressant aux yeux des chercheurs et des industries modernes. Le métal pur de ruthénium constitue également un excellent catalyseur avec une sélectivité élevée. Sous forme de poudre de surface spécifique variable, le Ru est utilisé pour favoriser l’hydrogénation, certaines réductions et oxydations. Il entre dans la synthèse des structures organiques et inorganiques. 

Les corps composés et chimiques du ruthénium

Le ruthénium est un composé intermétallique. Il possède la propriété de renforcer la résistance des alliages de platine et de palladium. Ils deviennent particulièrement stables et rigides, ce qui les rend idéaux pour des applications en bijouterie (pointe de stylo) ou pour des pièces de résistance mécanique.

De plus, le ruthénium, ajouté en très faible proportion (0,1 % en masse) peut multiplier par 100 la résistance à la corrosion du titane.

Ru est caractérisé par une valence comprise entre 0 à VIII, dont les II, III et le IV forment les plus stables. Les composés de cet élément les plus utilisés sont : le dioxyde de ruthénium RuO2, le tétroxyde de ruthénium RuO4, le sulfure de ruthénium, les chlorures de ruthénium RuCl2, RuCl3 et le fluorure de ruthénium RuF3, RuF4, RuF5, RuF6.

L’élément 44 e ruthénium réagit avec des éléments semi-métaux tels que P, Se, Te, As, Sb.

Lorsque le ruthénium solide cristallin est mis en contact avec le soufre élémentaire, il se forme du RuS2 solide suivant la formule :

Ru solide cristal + Scorps simple soufre → RuS2 solide

Les équations suivantes détaillent certaines combinaisons du Ru :    

  • La formule Ru solide cristal, en poudre + 3/2 F2 gaz → RuF3 gaz définit la réaction du Ru exposé à 300°C à du gaz fluor,
  • La formule Ru solide cristal, en poudre, chauffée au rouge + 3/2 Cl2 gaz → RuCl3 gaz permet d’obtenir du chlorure de ruthénium,
  • Et la formule Ru solide cristal + Scorps simple soufre → RuS2 solide.

Les applications du ruthénium

Le ruthénium est largement utilisé dans divers secteurs, tels que l’aéronautique, l’électrochimie, l’industrie pétrolière (pendant le processus de raffinage) et l’industrie électrique et électronique.

Le ruthénium en catalyseur

Le Ru est très sollicité dans l’industrie chimique en raison de sa capacité catalytique exceptionnelle. En effet, 29% des productions mondiales de ce métal sont utilisées dans ce domaine. Il est utile dans les raffineries de pétrole et dans les fabrications de désinfectants. Cet élément constitue un catalyseur de choix pour la synthèse d’ammonium et d’acide acétique. Dans l’industrie électrochimie, le ruthénium est utilisé à la production de chlore et de soude par électrolyse.

En tant que composant de piles à combustible, le Ru est un catalyseur de choix pour faciliter l’isolation du dihydrogène (H2) et du dioxyde de carbone (CO2) dans l’acide formique (HCOOH). Cette technique est importante pour le stockage de dihydrogène, qui peut ensuite être utilisé pour alimenter une pile à combustion.

Le ruthénium dans l’aéronautique, l’électronique et l’électrique

Le ruthénium joue un rôle essentiel dans l’industrie aéronautique, où il est utilisé pour former des superalliages de haute qualité. En ajoutant du Ru aux métaux, on peut améliorer leur résistance et leurs propriétés chimiques. De plus, ce métal possède une grande résistance à la chaleur et est très résistant à la corrosion. Il est idéal pour fabriquer des composants radio à grande résistance aux usures mécaniques.

Dans l’industrie électronique et électrique, le ruthénium est utilisé pour concevoir des contacteurs et des puces résistives. Il entre également dans la composition de panneaux solaires, des thermostats, etc.

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Depuis 2001, cet élément est utilisé pour la fabrication des disques durs. Il permet de concevoir un revêtement infiniment fin qui se place entre deux couches magnétiques. Ce matériau offre la possibilité de stocker jusqu’à 25,7 Gb/in² et plus tard, grâce aux évolutions technologiques, sa capacité de stockage avoisinera les 400 Gb/in².               

Son alliage avec du platine sert d’enveloppe pour les électrodes des bougies d’allumage de dernière génération.

La toxicité et les effets du ruthénium sur la santé de l’homme   

Le ruthénium est de plus en plus présent dans l’environnement. Sa concentration, y compris dans les dépôts sédimentaires, est en hausse fréquente. Cela est probablement dû à l’utilisation généralisée des catalyseurs platinoïdes dans les pots catalytiques des véhicules pour réduire certains paramètres de la pollution atmosphérique. Bien qu’il ne soit pas considéré comme un oligo-élément essentiel, il peut être dangereux pour la santé humaine. Il a été identifié comme potentiellement cancérigène.

L’incident d’octobre 2017

En septembre et octobre 2017, des niveaux de rayonnement élevés de ruthénium 106 ont été mesurés dans l’atmosphère de plusieurs pays européens, dont l’Allemagne. Les niveaux de rayonnement étaient juste un peu plus élevés que le rayonnement naturel, mais leur origine était un mystère. Les recherches ont conclu que la source était localisée quelque part au sud de l’Oural, en Russie ou au Kazakhstan. Toutefois, ils n’ont pas pu préciser son emplacement exact.

Selon l’IRSN, l’incident a probablement eu lieu dans le complexe nucléaire de Maïak, dans le sud de la Russie, au cours de la dernière semaine du mois de septembre. Des techniciens auraient mal géré la production d’une source de cérium 144 destinée à la recherche de neutrinos stériles en Italie. Toutefois, le gouvernement russe a nié tout incident.

Selon les normes européennes, le taux de radioactivité produit par l’incident aurait dépassé les seuils maximaux de contamination des denrées alimentaires. La radioactivité se serait étendue sur environ quelques dizaines de kilomètres autour du point de rejet.

Il a été révélé que la quantité de ruthénium 106 rejetée était de 100 à 300 térabecquerels, un niveau dangereux pour la population locale.

L’IRSN considère la probabilité de l’importation de denrées alimentaires contaminées en France par le 106Ru comme « extrêmement faible ». Toutefois, la CRIIRAD reste vigilante en affirmant que cet incident a propagé dans l’atmosphère 375000 fois plus la quantité de rejet annuel de ruthénium 106 autorisée de la centrale nucléaire de Cruas, en Ardèche. Selon cet organisme, une fois la substance radioactive retombée sur le sol et sur le couvert végétal, cela pourrait entraîner une contamination durable de la flore locale.

L’écotoxicité du ruthénium

Les effets toxiques du 106Ru, comme ceux des autres platinoïdes, restent peu connus. Cependant, il est connu pour être bioaccumulé dans les os chez les animaux à sang chaud. Le tétroxyde de ruthénium ou RuO4 possède des propriétés similaires à celles du tétroxyde d’osmium. Tous deux sont très volatils et toxiques. Cet élément explose lorsqu’il entre en contact avec des matières combustibles.

Dans les années 70, des études ont été menées sur la cinétique et la présence du ruthénium 106 dans les organismes aquatiques. Ces organismes incluent : Anodonta anatina, deux escargots d’eau douce, Lymnaea stagnalis et Viviparus contectus, un poisson d’eau douce (Alburnus lucidus) ainsi que plusieurs organismes marins : Fucus vesiculosus, Mytilus edulis, Littorina littorea et Purpura lapillus. On leur a fait ingérer la substance toxique sous sa forme complexe de nitrate de nitrosyle. Ces expériences ont permis de conclure sur trois points :

  • Le degré de fixation dépend de chaque espèce.
  • L’absorption est favorisée par la température.
  • Le stockage du Ru se fait dans des parties non vitales de leurs organismes.
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