Depuis 2001, cet élément est utilisé pour la fabrication des disques durs. Il permet de concevoir un revêtement infiniment fin qui se place entre deux couches magnétiques. Ce matériau offre la possibilité de stocker jusqu’à 25,7 Gb/in² et plus tard, grâce aux évolutions technologiques, sa capacité de stockage avoisinera les 400 Gb/in².
Son alliage avec du platine sert d’enveloppe pour les électrodes des bougies d’allumage de dernière génération.
La toxicité et les effets du ruthénium sur la santé de l’homme
Le ruthénium est de plus en plus présent dans l’environnement. Sa concentration, y compris dans les dépôts sédimentaires, est en hausse fréquente. Cela est probablement dû à l’utilisation généralisée des catalyseurs platinoïdes dans les pots catalytiques des véhicules pour réduire certains paramètres de la pollution atmosphérique. Bien qu’il ne soit pas considéré comme un oligo-élément essentiel, il peut être dangereux pour la santé humaine. Il a été identifié comme potentiellement cancérigène.
L’incident d’octobre 2017
En septembre et octobre 2017, des niveaux de rayonnement élevés de ruthénium 106 ont été mesurés dans l’atmosphère de plusieurs pays européens, dont l’Allemagne. Les niveaux de rayonnement étaient juste un peu plus élevés que le rayonnement naturel, mais leur origine était un mystère. Les recherches ont conclu que la source était localisée quelque part au sud de l’Oural, en Russie ou au Kazakhstan. Toutefois, ils n’ont pas pu préciser son emplacement exact.
Selon l’IRSN, l’incident a probablement eu lieu dans le complexe nucléaire de Maïak, dans le sud de la Russie, au cours de la dernière semaine du mois de septembre. Des techniciens auraient mal géré la production d’une source de cérium 144 destinée à la recherche de neutrinos stériles en Italie. Toutefois, le gouvernement russe a nié tout incident.
Selon les normes européennes, le taux de radioactivité produit par l’incident aurait dépassé les seuils maximaux de contamination des denrées alimentaires. La radioactivité se serait étendue sur environ quelques dizaines de kilomètres autour du point de rejet.
Il a été révélé que la quantité de ruthénium 106 rejetée était de 100 à 300 térabecquerels, un niveau dangereux pour la population locale.
L’IRSN considère la probabilité de l’importation de denrées alimentaires contaminées en France par le 106Ru comme « extrêmement faible ». Toutefois, la CRIIRAD reste vigilante en affirmant que cet incident a propagé dans l’atmosphère 375000 fois plus la quantité de rejet annuel de ruthénium 106 autorisée de la centrale nucléaire de Cruas, en Ardèche. Selon cet organisme, une fois la substance radioactive retombée sur le sol et sur le couvert végétal, cela pourrait entraîner une contamination durable de la flore locale.
L’écotoxicité du ruthénium
Les effets toxiques du 106Ru, comme ceux des autres platinoïdes, restent peu connus. Cependant, il est connu pour être bioaccumulé dans les os chez les animaux à sang chaud. Le tétroxyde de ruthénium ou RuO4 possède des propriétés similaires à celles du tétroxyde d’osmium. Tous deux sont très volatils et toxiques. Cet élément explose lorsqu’il entre en contact avec des matières combustibles.
Dans les années 70, des études ont été menées sur la cinétique et la présence du ruthénium 106 dans les organismes aquatiques. Ces organismes incluent : Anodonta anatina, deux escargots d’eau douce, Lymnaea stagnalis et Viviparus contectus, un poisson d’eau douce (Alburnus lucidus) ainsi que plusieurs organismes marins : Fucus vesiculosus, Mytilus edulis, Littorina littorea et Purpura lapillus. On leur a fait ingérer la substance toxique sous sa forme complexe de nitrate de nitrosyle. Ces expériences ont permis de conclure sur trois points :
- Le degré de fixation dépend de chaque espèce.
- L’absorption est favorisée par la température.
- Le stockage du Ru se fait dans des parties non vitales de leurs organismes.