Fonctions du sphingolipide
Les sphingolipides jouent un rôle crucial dans la protection de la surface des cellules contre les agents environnementaux nocifs. Pour ce faire, ils constituent une enveloppe solide, à la fois mécanique et chimique, formant une double couche lipidique au niveau de la membrane plasmique.
Les glycosphingolipides complexes sont connus pour leur implication dans des rôles spécifiques, tels que la transmission de signaux et la reconnaissance cellulaire. Cette dernière repose principalement sur les caractéristiques physiques des SPL. La signalisation, en revanche, exige des interactions entre les structures glycanniques des glycosphingolipides et les lipides identiques existant sur les autres cellules, ou encore avec les protéines.
Les métabolites sphingolipidiques simples, tels que le céramide et la sphingosine-1-phosphate, interviennent de manière cruciale dans la signalisation de divers processus cellulaires tels que :
- l’apoptose ;
- la nécrose ;
- l’autophagie ;
- la réponse au stress ;
- l’inflammation ;
- la prolifération ;
- la différenciation ;
- la sénescence.
Les céramides se rassemblent naturellement dans les membranes cellulaires, formant des zones moins fluides que les phospholipides en masse (radeaux lipidiques). Ces régions spécifiques aux sphingolipides ont été initialement considérées comme facilitant le tri des protéines membranaires le long des voies, par lesquelles les membranes plasmiques sont transportées.
Dans le cadre de l’expérimentation animale, l’administration de sphingolipides permet d’inhiber la carcinogenèse du côlon, de réduire le cholestérol LDL et d’augmenter le cholestérol HDL.
Sphingolipide et maladies génétiques
Diverses affections sont attribuables à une anomalie du métabolisme du sphingolipide. Ce phénomène est illustré par les maladies de type sphingolipidose, des pathologies liées à une surcharge en ces lipides complexes. Dans la plupart des cas, ces affections résultent d’une réduction de l’activité catalytique d’une ou plusieurs hydrolases lysosomales impliquées dans les différentes étapes de la dégradation des SPL. Il se produit ainsi une concentration intracellulaire de ces lipides non dégradés.
Maladie de Gaucher
La maladie de Gaucher, fréquente notamment chez les Juifs ashkénazes, est une affection de surcharge lysosomale due à la carence enzymatique en glucocérébrosidase. Cette pathologie fait suite à une mutation autosomique récessive du gène associé à l’enzyme bêta-glucosidase acide. Il en résulte une accumulation du substrat, particulièrement le glucocérébroside, dans diverses parties du corps (système nerveux, rate, foie, poumons et moelle osseuse). Les symptômes de cette pathologie fluctuent considérablement, allant de formes mortelles à la naissance à une absence totale de signes. Les troubles cardio-pulmonaires surviennent systématiquement, mais leur sévérité peut varier.
La maladie de Gaucher se manifeste par une cérébrosidose, une forme de lipoïdose. Cette dernière est caractérisée par la pénétration et l’infiltration des cellules d’un organe ou d’un tissu par certains lipides (cérébrosides, phosphatides ou cholestérol).
Maladie de Fabry
La maladie de Fabry, également connue sous le nom de « syndrome de Ruiter-Pompen-Wyers », est une pathologie génétique lysosomale associée au chromosome X. Ce syndrome résulte de la déficience en alpha-galactosidase lysosomale. Il entraîne une concentration de sphingolipides dans les cellules, notamment de globotriaosylcéramide et de galactosylcéramide. Les premiers symptômes apparaissent durant l’enfance ou l’adolescence. Ils se manifestent par une acroparesthésie, des lésions vasculaires cutanées, une hypohidrose, des anomalies de la cornée, une cataracte ou une protéinurie. Près de la moitié des patients souffrent d’une insuffisance rénale qui nécessite une intervention chirurgicale vers 30 à 50 ans.
Maladie de Niemann-Pick
La maladie de Niemann-Pick résulte de la carence en sphingomyélinase acide lysosomale. Elle provoque une accumulation de sphingomyéline et de cholestérol dans les monocytes et, à terme, dans le cerveau. Cette pathologie se distingue en deux types, selon la présence (type A) ou l’absence (type B) de manifestations neurologiques. Le type B se caractérise par une hépatosplénomégalie, un syndrome respiratoire restrictif, une cirrhose et une pancytopénie. Le type A se traduit par un retard du développement psychomoteur, une hépatosplénomégalie, une pneumopathie et une maladie neurodégénérative progressive.
Maladie de Tay-Sachs
La maladie de Tay-Sachs, également désignée par « idiotie amaurotique », est une affection génétique lysosomale à transmission récessive de la famille des lipidoses. Cette pathologie neurodégénérative irréversible résulte de l’absence de l’enzyme hexosaminase A, conduisant à l’accumulation du ganglioside GM2 au niveau des lysosomes des neurones. Elle touche les nourrissons âgés de trois à six mois et se caractérise par une évolution inéluctable. Les signes précoces sont la faiblesse musculaire, la perte de tonus, des troubles de l’équilibre et la perte de dextérité. Entre 12 et 15 mois, la déglutition devient difficile.
Par la suite, des symptômes tels que des spasmes, des convulsions, une sensibilité accrue au bruit et des troubles de la vision apparaissent. En général, la mort survient entre deux et cinq ans, bien que des exceptions aient été signalées au-delà de l’âge de huit ans. La manifestation de la maladie peut se produire entre deux et six ans, avec des troubles du comportement et une évolution plus lente. Dans certaines situations, elle apparaît après l’âge de 10 ans et présente des caractéristiques similaires à celles de la forme juvénile.