Le labyrinthe de Chartres, son origine, sa représentation, ses significations, ses symboles en géométrie sacrée et ses bienfaits
Qu’est-ce que le labyrinthe de Chartres ?
Le sentier labyrinthique convie à une expérience de pèlerinage et ne relève ni de la magie ni du monde physique. Les énergies qui le parcourent naissent des individus qui l’empruntent, prêts à être touchés par la grâce de l’instant. Son but est de conduire de manière réfléchie à une méditation sincère, vécue à la fois dans le corps et dans l’esprit.
Celui qui opte pour la marche sur le sentier labyrinthique peut s’ouvrir graduellement à ce qui le transcende. Tout au long de ce trajet, évocateur de la vie humaine, longue, pénible et exigeante, il progresse avec assurance en direction de sa réconciliation. Ainsi, il retrouve le sens de son existence : le Tout-Autre l’attend inéluctablement.
Comment parcourir le labyrinthe de Chartres ?
Le chapitre de Notre-Dame de Chartres a souhaité la construction du labyrinthe qui a été bâti vers 1200 lors de la réalisation de la cathédrale. Leur regard portait sur un symbolisme primordial que nous honorons encore aujourd’hui : le labyrinthe est une opportunité pour celui qui suit la foi de s’ouvrir graduellement au Christ avant de se diriger vers l’autel, vers l’amour qu’il offre et vers une espérance qui surpasse les obstacles. En parcourant le labyrinthe, il est possible de reconnaître ses faiblesses, de se rappeler l’importance du pardon et de l’abandon pour avancer.
Le but principal est de méditer avec le Christ sur le passage de la mort à la vie éternelle. Les recherches récentes ont révélé que le labyrinthe était initialement destiné à être utilisé lors de la liturgie des vêpres de Pâques, célébration au cours de laquelle l’Église rappelle la victoire du Christ sur la mort. Des danses impressionnantes étaient utilisées pour symboliser la traversée des enfers, le miracle de la tombe vide et le fait que la résurrection concerne tout le monde. Les visiteurs, qu’ils soient croyants ou non, sont les bienvenus pour réfléchir à leur vie dans le calme et la sérénité. Nous encourageons ceux qui le souhaitent à expérimenter ce passage avec leur être tout entier.
Composition et dimension du labyrinthe de Chartres
Composé de 272 dalles blanches en pierres de Berchères, le parcours du labyrinthe de Chartres était ouvert à tous les hommes et les femmes qui étaient invités à le parcourir en récitant des “Miserere”. Surnommé la “lieue” en référence au temps nécessaire pour le parcourir, soit environ 5 km, il était situé au centre de la nef entre les 3e et 4e travées. Réalisée en pierres noires bleutées de Givet, la marqueterie du labyrinthe était un élément important du rituel de Pâques, également appelé “office de la lumière”. En effet, la chorégraphie représentait le Christ (Thésée) traversant les enfers (le labyrinthe) pour affronter Satan (le Minotaure), triomphant des puissances de la mort et offrant sa lumière (jaune) à tous ceux qui étaient prêts à la recevoir. Si vous couchiez la façade sur la nef, le centre de la rose occidentale correspondrait presque exactement au diamètre (12,88 m) du labyrinthe. Au centre du labyrinthe, il y avait autrefois une plaque de cuivre qui décrivait le combat de Thésée et du Minotaure, mais elle a disparu pendant la révolution. Il est probable qu’elle ait été fondue en 1792 avec le bronze des cloches pour faire des canons. Cette histoire fait référence au mythe antique de Cnossos, où Thésée aurait parcouru le labyrinthe du Minotaure construit par Dédale grâce au fil d’Ariane.
L’origine et l’histoire du labyrinthe de Chartres
Le labyrinthe de Chartres rappelle celui de la mythologie grecque, construit par l’architecte Dédale pour y enfermer le minotaure, un monstre qui se nourrit des enfants d’Athènes. Thésée, le vainqueur du monstre, s’échappe grâce au fil d’Ariane. Au Moyen Âge, plusieurs labyrinthes sont créés sur les pavements des édifices religieux, tels que Reims, Amiens et Saint-Quentin. Ils servent également de signature des commanditaires et des maîtres d’œuvre, avec leurs noms gravés sur la plaque centrale. Appréciez la complexité et l’élégance de la conception du labyrinthe, qui est un chef-d’œuvre d’exécution en pierre.
Le labyrinthe de Chartres est un point géométrique important : si vous projetez la façade sur le pavement, le centre de la rosace où le Christ apparaît en majesté correspond au centre du labyrinthe. Si vous reliez le centre du labyrinthe aux statues centrales des portails et à l’emplacement de l’ancien autel, vous dessinez un carré qui sert de schéma directeur pour le plan de la cathédrale.
Significations et symboles du labyrinthe de Chartres à travers les cultures
Depuis 2500 avant notre ère, on a pu retrouver des labyrinthes dans toutes les cultures et tous les continents. Les Grecs, les Romains, les Égyptiens, les Indiens, les Mayas, les Européens, les Australiens et les Amérindiens ont tous créé ce motif à un moment donné, et il a été considéré comme un symbole sacré dans de nombreuses religions.
Contrairement à d’autres labyrinthes, celui de Chartres n’a qu’un seul chemin qui s’étend sur 261,55 mètres, allant de l’extérieur vers l’intérieur. Ce n’est pas une figure conçue pour égarer les visiteurs, mais plutôt un parcours métaphorique qui invite à un voyage spirituel, symbolique, méditatif ou initiatique pour se retrouver au centre de soi-même, ou au centre de Dieu. On pourrait le comparer au fameux “connais-toi toi-même” ou l’utiliser comme un mandala pour la méditation sur soi. Les druides et les alchimistes ont également leur symbolique du labyrinthe, qui vise à mener à la transfiguration de l’Ego, la mort du Minotaure, et la mort de la bête qui est en l’homme.
Le récent travail du rectorat de Chartres a mis en lumière que le célèbre labyrinthe de la cathédrale évoque la figure mythologique grecque du Minotaure, emprisonné dans un dédale créé par l’architecte Dédale. Des documents datant du Moyen Âge rapportent une tradition surprenante observée lors des célébrations de Pâques : le doyen des prêtres, portant une grosse “pelote” jaune, traversait solennellement les méandres du labyrinthe, tandis que les autres fidèles tournaient autour en chantant un hymne grégorien annonçant la résurrection du Christ. Une fois arrivé au centre, le doyen lançait la balle à l’assemblée, provoquant une danse joyeuse et animée. Cette cérémonie pourrait être vue comme une métaphore du voyage spirituel de l’homme, dans lequel le labyrinthe représente les défis de la vie et le centre symbolise la révélation et la transformation de soi.
Gilles Fresson, coordinateur attitré de la Cathédrale de Chartres, expose comment cette célébration met en exergue l’usage réel du labyrinthe et comment “sous l’apparence d’un ‘jeu’, était en fait représentée – symboliquement – l’une des vérités fondamentales de la foi chrétienne: la résurrection du Christ. Dans la mythologie grecque antique, Thésée pénètre dans le labyrinthe de Crète, y tue le Minotaure, puis en sort en suivant le fil d’Ariane. Dans la chorégraphie du rituel pratiqué au Moyen Âge, le Christ (Thésée) traverse les enfers (le labyrinthe), affronte Satan (le Minotaure), vainc les forces de la mort, répandant sa lumière (jaune) sur ceux qui sont prêts à la recevoir.
Le labyrinthe de Chartres : Le chemin de vie
Si vous visitez la cathédrale de Chartres, prenez le temps de regarder le sol de la nef, entre les 3e et 4e travées : c’est là que se trouve le labyrinthe, souvent caché par des chaises. Pour beaucoup, il est mystérieux, voire “magique”, et suscite toutes sortes de spéculations. Mais à quoi servait-il ? Même si celui de Chartres est le seul à avoir été construit à la même époque que la cathédrale, la plupart des autres édifices religieux de l’époque possédaient ce type de chemin de pèlerinage. Cet itinéraire, qui ne comportait pas d’obstacles et serpentait entre la circonférence et le centre, était un peu comme une représentation de la vie. Le pèlerin le parcourait en récitant des “Miserere”. L’entrée du labyrinthe se trouvait à l’ouest et le pèlerin se dirigeait vers l’est.
Le labyrinthe de Chartres : L’esprit et la foi
Le labyrinthe de Chartres était étroitement lié à la foi chrétienne de l’époque, comme en témoignait le rituel de l’office de la lumière qui s’y déroulait lors de la fête de Pâques, tel un ballet étrange. Gilles Fresson explique que dans cette chorégraphie médiévale, le Christ (Thésée) traverse les enfers (le labyrinthe), défie Satan (le minotaure), triomphe des puissances de la mort et offre sa lumière (jaune) à ceux qui sont prêts à la recevoir : un chemin sûr (la pelote) vers la vie éternelle. A Pâques, le Christ est devenu le premier né d’entre les morts.